Hospitalisé dans un « grand service parisien », un adolescent atteint de T.O.C. -nouvelle appellation de la névrose obsessionnelle- demande à ses médecins « s’il est pour quelque chose dans l’apparition de sa maladie ». « Aucunement » lui répond-on, « c’est héréditaire ».
Pour Jean-Paul Levy*, professeur de médecine, directeur de l’Institut de génétique moléculaire et de l’Agence Nationale de Recherche sur le Sida, faire de l’esprit quelque chose d’étranger à la matière relève d’un « vitalisme » ou d’un « idéalisme » qui veut faire échapper l’esprit à l’analyse scientifique comme l’était l’âme »(sic), car « la pensée est un processus cellulaire lié à des phénomènes d’activation de millions de neurones ». Certes.
Mais alors, il faudra comprendre pourquoi cette pensée peut être contradictoire, paradoxale et conflictuelle, faire des hypothèses sur les neurones phi, omega et psi, et réinventer la première et la deuxième topiques. D’ailleurs pour le même Jean-Paul Lévy, Freud a eu « le mérite d’une véritable tentative d’approche scientifique du problème à laquelle le préparait sa formation neuro-anatomique et neuro-physiologique ». Alors comment les neurones de Freud se sont-ils égarés après de telles bases ?
Malheureusement, notre professeur n’y pense même pas. En revanche, il conclut sur cet aveu : « C’est le destin d’une médecine devenue science d’intégrer l’ensemble des maladies de l’homme ». Guéri par l’analyse, notre adolescent trouve les psychanalystes trop résignés et absents du débat public. Il a raison.
*Delaroche Patrick : « Le pouvoir de guérir », Odile Jacob.