Les interdits : pour quoi faire ?
Aspirer au bonheur, devenir heureux, le rester, bannir la douleur, chercher les plaisirs les plus forts, pour ce faire accéder à la richesse et au pouvoir : les impératifs de l’idéologie narcissique continuent d’exercer une contrainte de plus en plus puissante et favorisent la négligence, le contournement voire le déni des interdits.
Mais si ces interdits, justement, sont déqualifiés, attaqués, effacés, comment comprendre le renforcement du besoin de punition, sa violence totalitaire, intransigeante et aliénante ?
La genèse de la conscience morale accorde une place essentielle à la formation du surmoi, instance souveraine, héritière du complexe d’Œdipe, porteuse des interdits fondamentaux de l’inceste et du parricide. La dialectique des désirs et des interdits, le conflit interne et les voies de dégagement qu’elles peuvent promettre sont sérieusement mises à mal lorsque la frustration est condamnée, lorsque le détour est insupportable, lorsque le renoncement est inadmissible.
Ce qui nous intéresse évidemment, c’est la manière singulière dont les mouvements transférentiels vont porter ces différentes composantes et leurs configurations à travers les choix d’objets et les inscriptions identificatoires. Une question domine ce dossier coordonné par Catherine Chabert : Dans quelle mesure le moi peut-il se réconcilier avec l’instance autoritaire et protectrice par le jugement qu’il porte sur lui-même, dans l’écart créé par la faute et la découverte de la cause du défaut d’amour ?