Ma première réaction face à l’intitulé de cette table ronde Fantasmes parentaux a été la perplexité. J’avais initialement été sollicitée par B. Golse et A. Braconnier sur celle consacrée au destin de l’originaire mais comme je ne pouvais être présente hier –ce dont je vous prie de m’excuser- ils ont eu la gentillesse de maintenir leur proposition en me “déplaçant” du côté donc des fantasmes parentaux. Ma perplexité ne m’abandonnant pas, je leur ai demandé rapidement, presque furtivement ce qu’ils entendaient par “fantasmes parentaux” et ils ont eu la bonne idée de ne pas me répondre tout de suite si bien qu’une fois la question posée, elle m’est apparue comme une voie possible de travail.
Ce qui m’a retenue d’abord, c’est l’adjonction de “parental” au fantasme. J’ai pensé immédiatement que ce n’était pas une conception freudienne, que la nature du fantasme était d’être, dans son énonciation, essentiellement anonyme, générale, voire dépouillée – à l’instar du fantasme “On bat un enfant” ou de sa version symétrique “Un enfant est battu”. Je pensais aussi, toujours à propos de la nature du fantasme que son destin était paradoxalement de revenir à l’originaire -je veux dire aux fantasmes originaires- et que son incarnation relevait surtout d’opérations traductrices susceptibles de produire des rêves, des scènes, voire des comportements ou encore de s’exprimer grâce à la construction de “fantaisies” dont la part consciente constituait toujours le point d’appel. Par là-même, se profilait pour moi le problème de l’identification du fantasme, de sa singularité personnalisante ou fonctionnelle : des fantasmes filiaux, fraternels, conjugaux, parentaux seraient-ils repérables de manière précise sans que soit abandonnée pour autant la définition fondamentale notamment en ce qui concerne sa qualité inconsciente et son inaccessibilité.
Au delà du temps…