Marie-Rose Moro : Vous êtes originaire de Nouvelle-Zélande. Est-ce là que avez découvert la psychanalyse?
Joyce McDougall : L’un de mes premiers achats de jeune étudiante en psychologie a été La psychopathologie de la vie quotidienne en Penguin books. Dans nos cours de philosophie et psychologie, on étudiait la vie et l’œuvre de S. Freud, ainsi que celles de Jung et Adler. Nous avons quitté la Nouvelle-Zélande avec mes deux enfants pour que mon mari puisse trouver du travail et que je commence une formation d’analyste. Lorsque je suis arrivée à Londres, ma candidature a été acceptée par Anna Freud pour suivre la formation de psychanalyste d’enfants. J’ai donc demandé audience à Miss Freud et, lorsque je lui ai dit avoir lu et étudié l’œuvre de son père, elle a été stupéfaite : « Mais où avez-vous entendu parler de mon Vater? ». « Mais à l’université, Miss Freud, je suis psychologue diplômée ». Anna Freud m’expliqua que personne à l’université à Londres ne parlait de son père. J’étais donc venue à Londres pour découvrir que j’étais mieux informée en Nouvelle-Zélande!
J’ai suivi le cours d’Anna Freud qui durait quatre ans. J’y ai rencontré Anne-Marie Sandler qui était dans la même promotion que moi. Mon mari, Jimmy McDougall, éducateur pour adultes, ne trouvait pas de travail dans son domaine. Il a finalement trouvé un travail dans l’éducation fondamentale, mais dans le cadre de l’Unesco à Paris. Je devais quitter Londres et je suis retournée voir Miss Freud pour lui expliquer ma situation. « Ach So ! s’exclama Miss Freud. Mais vous n’allez pas quitter le cours ! ». J’avais beaucoup de plaisir à travailler à l’Hôpital avec les enfants, à suivre le cours qui a été très précieux et les séminaires qui avaient lieu quatre soirées…