Je me suis évadé, en 1940, avec le futur aumônier du Vercors […] Nous poursuivions la conversation sans fin de ceux qui se retrouvent, dans l’odeur du village nocturne.
« Vous confessez depuis combien de temps ?
— Une quinzaine d’années.
— Qu’est-ce que la confession vous a enseigné des hommes ?
— Vous savez, la confession n’apprend rien, parce que dès que l’on confesse, on est un autre, il y a la grâce… Et pourtant… D’abord les gens sont beaucoup plus malheureux qu’on croit. Et puis… »
Il leva ses bras de bûcheron dans le nuit pleine d’étoiles :
« Et puis, le fond de tout, c’est qu’il n’y a pas de grandes personnes…»
André Malraux
Les Antimémoires, 1967, pp. 9-10.
Introduction
Comme le curé des Glières répondant, dans notre exergue, aux questions de Malraux¹, je reçois depuis une quinzaine d’années des enfants et des adultes exprimant des souffrances psychiques dans des registres variés. Si je ne les confesse pas, je leur propose néanmoins une écoute aussi fidèle que possible à la méthode mise au point par Freud (1912) pour explorer les éléments inconscients qui se réactualisent dans la dynamique transférentielle. Il me semble que le concept de transfert pourrait justement convenir pour définir – disons d’une manière profane, ou scientifique – le processus relationnel décrit par ce prêtre rompu à l’exercice d’écouter ses semblables et dont l’expression « on est…
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