Introduction
À partir de la clinique d’adultes souffrant de compulsions sexuelles, j’en suis venu à m’intéresser à la façon dont la déshumanisation pouvait se servir de la sexualité pour faire son œuvre du côté des forces pulsionnelles de destruction et de mort. Du côté des recherches cliniques actuelles, les sex-addicts d’autrefois sont dépassés par la clinique du chemsex… anglicisme issu de la fusion des mots « chemicals » (produits chimiques) et « sex », le chemsex désigne la consommation de substances psychoactives en contexte de sexualité. Le terme s’est installé dans la communauté gay à partir de la fin des années 2000 au Royaume-Uni et aux États-Unis, avant de prendre son essor en France vers 2010. C’est une clinique assez peu connue des psychanalystes, mieux connue des infectiologues, des addictologues et des associations de lutte contre le VIH. Touchant environ vingt pour cent des homosexuels, le nombre de sujets concernés par ces pratiques est estimé à 200 000. Des hommes, après un temps de recrutement de partenaires via des applications de rencontre géolocalisées se regroupent pour une orgie pouvant durer deux ou trois jours d’affilée grâce à l’usage de substances psychoactives qui prolongent et intensifient les sensations sexuelles. On peut parler de « marathon sexuel » pour évoquer ces sessions longues qui poussent aux limites de ce que le corps érotique peut supporter. Les participants se rencontrent sur la base de critères esthétiques narcissiques stricts parmi lesquels le corps musclé et la taille du pénis comptent. Fait saisissant : même si plusieurs corps sont entrelacés dans un contact charnel, il y a souvent un ou plusieurs sujets qui restent scotchés à leur smartphone pour chercher sur les applications de rencontre de nouvelles recrues, néantisant en quelque sorte quelque chose de la présence des partenaires avec lesquels ils…
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