Fantasmes de garantie et refus de la complexité
Éditorial

Fantasmes de garantie et refus de la complexité

Quelle est l’ambiance en cette rentrée ? Quand on entre dans une cathédrale, quelle que soit la croyance de chacun, on se sent imprégné d’une atmosphère particulière ; sans savoir à quoi cela se réfère si ce n’est à quelque chose qui nous dépasse, cette impression, au-delà du religieux, touche une part inconsciente de soi. Or, l’inconscient, avec la culture, c’est bien ce qui reste quand tout est parti. Et ce qui se refuse dans le climat actuel. Les crimes deviennent immotivés , comme si c’était possible, et au-delà des situations extrêmes, de mauvais objets sociaux sont désignés, sur fond d’hygiénisme rampant : les fumeurs, les personnes obèses, ceux qui roulent trop vite, etc.… Rien ne doit dépasser, au nom d’un fantasme de garantie qui se nourrit d’un parfois bien radical refus de la complexité. Quoi, la vie psychique voire la vie tout court ne pourrait pas être simple et sécure, avec des caméras envahissant l’espace social comme Orwell l’avait prévu ? Comment, il n’y aurait pas une personne ou une instance désignée garantissant le bon état de marche du monde ?

Non, décidément, l’être humain renâcle lorsqu’il est question d’accepter la part folle, résolument irrationnelle, qui régit notre vie psychique ; il ne reste plus alors qu’à prendre une position phobique vis-à-vis de l’autre et du monde, quitte à alimenter une pente obsessionnelle au service de la judiciarisation du lien social. Heureusement, dans les interstices, un besoin profond et fondamental continue à persister, le besoin de culture et de créativité.
L’avenir de l’humanité ? La femme, bien sûr, mais accompagnée par les artistes…