Introduction
La transmission psychique désigne la manière dont un élément psychique – connaissance, affect, fantasme, état d’esprit, valeur, etc. – passe d’une personne à une autre, par voie consciente et inconsciente. La filiation assure la transmission de l’héritage psychique : ne pas transmettre suppose une défaillance dans le lien filial, la responsabilité étant éventuellement attribuée au parent. Mais l’enfant a une fonction majeure dans l’acte de recevoir ce qui lui est transmis et de le faire sien, l’intégrant et s’identifiant à lui, et, de ce fait, il porte aussi une part de responsabilité. Ce processus complexe implique donc un travail et des transformations psychiques tant chez celui qui accueille la transmission, que chez celui qui transmet. En conséquence, la transmission psychique n’est pas un simple passage, comme on le dirait de la transmission d’un message électronique. Si elle adoptait cette forme, on y verrait l’effet d’une imitation plutôt que d’une identification, ou, comme cela a été largement développé, d’une incorporation plutôt que d’une introjection (Abraham & Torok, 1978). Il y a plus d’une manière d’aborder l’idée de transmission : celle de traces psychiques potentiellement pathogènes, celle de valeurs mais aussi des indications pour s’en détourner, pour véhiculer la loi comme l’anti-loi, des principes constructifs, et des interdits, produisant des progrès comme parfois des inhibitions. Tout comme il y a une transmission de l’ascendant vers son descendant, il existe une transmission inverse, du descendant vers son ascendant, observée chez les enfants lorsqu’ils apprennent à leurs parents le maniement des techniques contemporaines, pour lesquelles ils sont mieux informés ou plus doués. Lebovici (1982) faisait remarquer que les plus jeunes enfants « font » leurs mère et père en leur indiquant le chemin à suivre pour bien s’occuper d’eux. On peut également évoquer William Shakespeare (1606) avec…
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