Nous nous sommes d’abord rencontrés courtoisement à Confrontations, mais surtout grâce à Sophie, et nous avons immédiatement décelé de nombreux traits communs entre nous : l’amour des livres, surtout ceux de psychanalyse et son histoire, et une grande liberté intellectuelle que j’ai reconnue en toi.
Aussi, dès que tu as fondé l’Association Internationale d’Histoire de la Psychanalyse (AIHP), tu m’as demandé d’en faire partie comme secrétaire général alors que Sophie était secrétaire scientifique. Cela a favorisé une longue fréquentation de la rue de Grenelle où nous nous réunissions. Puis tu as lancé ton ambitieux projet d’un Dictionnaire international de la psychanalyse et tu m’as chargé des items lacaniens. Tu m’as fait la confiance de me laisser libre du choix des items et du groupe que j’ai réuni dans ce but.
Ce travail m’a confirmé l’extraordinaire liberté avec laquelle tu avançais dans la vie, ta hauteur de vue face à l’événementiel mesquin qui règne parfois dans notre milieu et cette capacité à associer d’autres
personnes, dans l’œuvre que tu as construit inlassablement, avec ton grand amour de la vie.
Nous avons ainsi été de proches compagnons dans l’amitié, le travail, la joie de la recherche et de la découverte durant une vingtaine d’années dont je garde un fervent souvenir.
Tu ne pouvais être l’homme d’un appareil ou d’une institution. Tu étais moins soucieux d’allégeance institutionnelle que de qualité et de liberté de penser.
Merci, Alain, de m’avoir permis de participer activement à tes projets et de m’avoir fait don de ton amitié. Il est rare dans une vie de rencontrer des hommes libres. Tu en es un.
Jacques Sédat