La marque du féminin
Cet article propose un regard original sur les enjeux du travail de subjectivation à l’adolescence, et sur les fondements des manifestations symptomatiques qui viennent traduire les états de souffrance de l’adolescent du point de vue de l’effraction du féminin. Il vise à penser le féminin dans un lien insécable à la honte et plus précisément à la manière dont honte et féminin s’animent, s’articulent et se mettent en tension à l’adolescence sous la poussée du pubertaire. La révolution pubertaire (Gutton, 1991) que l’adolescent subit dans un premier temps, puis à partir de laquelle il va tenter d’advenir, l’engage dans une expérience inédite face à son corps, et à l’afflux d’excitation qui attracte les traces mnésiques archaïques, ayant constitué sa « carte mémoire » et son rapport au « corps érogène » (Birraux, 1990). La métamorphose qui accompagne la poussée des processus adolescents conduit « chaque sujet dans une expérience, celle de vivre, et dans un problème, celui d’exister », (Winnicott, 1972). Ce distinguo amène Winnicott à différencier à l’adolescence « être en vie » et « exister », du point de vue de l’expérimentation que fait l’adolescent de la vie pulsionnelle et des plaisirs, déplaisirs inhérents à l’expérience de la discontinuité et au travail d’intégration psychique qui en découle. L’introduction de cette différenciation permet de repérer la constitution même du sentiment d’existence qui se remet en scène à l’adolescence sous forme d’agirs, de monstration, d’exhibition et qui rendraient compte des enjeux du féminin. Ce qui est dévolu au féminin pur — qui fonde le sentiment d’être, en dehors de toute motion pulsionnelle et qui relève du féminin érotique — qui lui inscrit l’identité sur la base d’une relation pulsionnelle impliquant la possibilité d’un plaisir partageable avec l’objet » (Ravit, 2018). La notion de féminin, de « féminin pur » chez…
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