La commission des 1000 premiers jours. Une occasion ratée ?
Éditorial

La commission des 1000 premiers jours. Une occasion ratée ?

La qualité des soins précoces apportés aux tout-petits est un impératif catégorique au sens kantien du terme qui se justifie en soi, sans la moindre nécessité d’arguments hors champ. Le concept d’épigénèse et les neurosciences viennent aujourd’hui confirmer l’importance de cet impératif trop souvent négligé par les politiques de santé (plus on travaille avec des enfants jeunes et moins l’on est payé…). Cette confirmation favorise une prise de conscience collective, d’où l’importance de la commission des 1000 premiers jours présidée par Boris Cyrulnik.

Pour autant, vouloir qu’une telle commission mette au point ses recommandations en trois mois est d’ores et déjà un véritable affront fait à la petite enfance qui mérite mieux que du bling-bling et du faire-semblant ! Certes, à l’heure où j’écris ces lignes, les recommandations qui seront formulées ne sont pas encore connues.

Il ne s’agit donc pas de faire un procès d’intention mais seulement d’appeler à la vigilance. Il importera en effet :
• De s’assurer que tous les avis compétents auront bien été recueillis sans discrimination.
• De vérifier qu’auront bien été prises en compte les recherches qui montrent que chaque bébé a son propre rythme de maturation et qu’en dépit de sa fragilité initiale, il a besoin de pouvoir se sentir co-acteur de son développement.
• De veiller à ce que ne soit pas définie une parentalité dite
positive avec le risque de transformer subrepticement le soutien à la parentalité en contrôle au mépris des mécanismes complexes de co-éducation et de co-socialisation.
• De s’assurer qu’une place centrale aura bien été réservée à la formation initiale et continue des professionnels car s’occuper des enfants des autres est un métier en soi qui n’a rien à voir avec le fait de savoir s’occuper de ses propres enfants.

Si tel n’est pas le cas, alors la déception sera immense, à la mesure des espoirs que le gouvernement avait pourtant contribué à faire naître en instaurant une telle commission.
                       
Pr Bernard Golse
Professeur émérite de pédopsychiatrie et Président de l’Association Pikler Lóczy-France