À l’occasion de la parution de son livre La Complainte masochiste (Puf, 2024), Évelyne Chauvet partage avec Carnet Psy les inspirations et les réflexions qui ont nourri son écriture. L’entretien dévoile les intrications entre la souffrance masochiste, la poésie, et les défis de l’écoute thérapeutique, offrant une plongée dans le processus créatif et clinique de l’auteure. Propos recueillis par Marie-Laure Léandri, psychanalyste, membre titulaire de la Société psychanalytique de Paris, membre de la COPEA.
Carnet Psy : Chère Évelyne Chauvet, avant de rentrer dans le vif de votre livre, j’avais envie de vous demander ce qui vous a poussée à écrire, intimement ?
Évelyne Chauvet : Justement, j’ai commencé à écrire sur la plainte et le masochisme en me demandant si j’avais des raisons d’écrire ce livre, ce que j’avais envie de transmettre, ce que j’avais envie de partager de mon expérience clinique, mais aussi de mon travail de réflexion, de théorisation de la clinique. Toutefois, l’impulsion n’est pas venue de moi, mais des amis qui m’encourageaient comme Françoise Coblence ou Paul Denis, et qui me faisaient confiance. Puis l’idée a fait son chemin, et sans savoir si cela pouvait être l’objet d’un livre, j’ai suivi les pensées qui s’associaient. Je voulais essayer par l’écriture, de faire une sorte de pont entre différentes expériences qui ont été marquantes dans mon histoire personnelle, de dessiner une continuité dans mon parcours depuis mes études littéraires jusqu’à la psychanalyse.
Ce livre traite essentiellement des rapports entre la perte, la nostalgie, le déracinement, et toutes les formes de dépression. Cette écriture s’intègre aussi dans une histoire d’adolescence qui a laissé des traces qui sont revenues à la surface, au moment où j’ai commencé à écrire :…