Dans cet entretien Philippe Robert présente son parcours et sa vision de la psychanalyse du couple et de la famille. Propos recueillis par Cristelle Lebon
Philippe Robert, vous êtes un contributeur majeur de la recherche et de la diffusion de la pratique psychanalytique avec les couples et les familles. Commençons par votre parcours. Comment vous a-t-il mené de la psychanalyse à la psychanalyse familiale ?
Nous sommes tous pris dans des groupes d’appartenance qui renvoient à nos filiations et affiliations. Si nous n’y prenons pas garde, nos loyautés, au lieu d’être porteuses, entravent nos processus créatifs. C’est une question majeure parce qu’on ne voudrait pas trahir ses pères, ceux qui nous ont formés, que nous avons investis dans des mouvements d’identification narcissique. Cela renvoie à la transmission bien sûr, et à l’appropriation subjective.
Alors, pour répondre plus directement à votre question, il se trouve que j’ai eu différentes rencontres, j’en citerai deux. La première qui ne vous étonnera pas, c’est avec Jean Lemaire à la fin des années 1970. Il dénotait un peu en parlant de couples et de familles. J’ai senti là une ouverture. J’ai compris assez vite que cela venait croiser la question de la relation d’objets, mais pas seulement : il était question d’une vraie intersubjectivité qui ne pouvait pas être confondue avec l’interaction.
D’un autre côté, j’ai commencé à travailler en protection de l’enfance, avec des enfants placés . C’est là que j’ai rencontré, si j’ose dire, l’approche systémique avec mon ami Jean-Paul Mugnier. J’ai découvert des aspects très intéressants. Je pense aux travaux de Robert Neuburger autour de la demande, et d’autres, notamment avec Philippe Caillé autour de l’observation. D’un point de vue…