La clinique auprès de femmes incarcérées suite à des passages à l’acte criminels interroge l’existence de la perversion féminine. C’est une question encore aujourd’hui controversée, tant la perversion a été principalement pensée à partir de la sexualité masculine et de son paradigme le fétichisme. Alors comment concevoir le rapport de la femme à la perversion ?
Intensité du lien préœdipien dans le devenir femme
Piera Aulagnier a été l’une des premières psychanalystes à penser cette question dans son texte intitulé « Remarques sur la féminité et ses avatars » (1966). Elle aborde notamment la dimension de tromperie maternelle dont la fille a été l’objet au moment de la découverte de la différence des sexes et de la castration maternelle. En effet, dans l’évolution de la fille, cette découverte marque un tournant décisif. Piera Aulagnier rappelle combien l’amour de la petite fille s’adressait à une mère phallique.
Face à la découverte de la castration maternelle, la fille n’a pas la même réaction que le garçon. Chez elle, apparaît un sentiment de trahison, de préjudice, de blessure narcissique et d’hostilité envers la mère. Cette haine est un opérateur structurant et nécessaire qui va lui permettre de se détacher et de se différencier de sa mère. Cet élément éclaire l’importance du lien préœdipien de la fille à la mère dans son devenir femme. Freud (1931) a décrit la force et l’intensité de cet amour préœdipien de la fille envers sa mère pouvant laisser durablement des traces et des fixations.
Piera Aulagnier (op.cit, p. 78) souligne que « face à la tromperie de celle qui a incarné pour elle le premier désirant, la fille se fera preuve que la blessure qu’elle…