Introduction
L’indication d’un accompagnement en psychomotricité s’avère depuis déjà plusieurs dizaines d’années une proposition classique de prise en charge destinée à des enfants présentant des troubles psychiques graves. Qu’elle se pratique via un groupe ou plus habituellement en individuel, qu’elle se situe dans un cadre institutionnel ou en libéral, elle se soutient d’un intérêt particulier porté au rapport de l’enfant à son corps et ce dans toutes ses dimensions. Les difficultés majeures observées à ce niveau (et pour cette population précise) invitent en effet à penser une dynamique de soin particulièrement attentive à permettre que des progrès significatifs soient réalisés dans ce domaine, se dotant pour cela d’un cadre de travail présentant des qualités matérielles et un étayage théorique adaptés, dont le psychomotricien demeure le chef d’orchestre et la cheville ouvrière. Nous présenterons dans les lignes qui suivent quelques axes de réflexion pour délimiter les enjeux forts liés à ce type d’approche thérapeutique…
Troubles psychiques sévères de l’enfance et rapport au corps
Bien qu’il n’apparaisse pas dans les classifications officielles, nous pensons ici pertinent d’utiliser le terme de troubles psychiques sévères pour caractériser un faisceau de pathologies clairement différenciées mais possédant aussi quelques points communs dans les processus qui les traversent. Nous y incluons donc la triade constituée par les Troubles du spectre autistique (TSA) d’un côté, les troubles psychotiques de l’autre et, enfin, les pathologies limites de l’enfance telles que décrites par Roger Misès (1990). Il ne s’agit donc pas ici de les confondre (comme cela a pu être le cas auparavant du côté de l’autisme qui a été considéré comme une forme de psychose grave) et de bien laisser à chacune leurs spécificités. Il ne s’agit…