Carnet Psy : Comment en êtes-vous venu à vous intéresser à Freud étudiant et quel est donc ce Freud par rapport à Freud adolescent ?
Florian Houssier : Tout part de ma position de chercheur qui consiste, dans la façon dont je me la représente, à être un chercheur d’angle, que ce soit en écoutant mes patients ou en tant qu’universitaire. Cette position implique de se décaler des voies centrales de la recherche en psychanalyse pour trouver des espaces peu investis ; il en reste beaucoup dans le champ de l’histoire de la psychanalyse. C’est ainsi que, à partir d’une note de bas de page dans un article de Peter Blos (1974) que j’étudiais pour ma thèse, j’ai découvert l’existence de l’école d’Hietzing dirigée par Anna Freud dans les années 1920 à Vienne, dont j’ai fait mon premier ouvrage, le seul qui existe sur ce sujet. Cette école a pourtant été le creuset des psychanalystes d’adolescent et m’a permis d’investiguer l’histoire de la filiation des idées concernant l’émergence de la psychanalyse de l’adolescent de jusqu’à aujourd’hui. Or, à mon sens, on ne peut pas penser ce qui se conflictualise pour un étudiant sans penser le processus adolescent dont il représente un prolongement.
Mais revenons à Freud. Après ce premier ouvrage, je me souviens avoir entendu François Marty, avec qui nous avons publié deux ouvrages consacrés aux pionniers de la psychanalyse de l’adolescent, évoquer la difficulté de penser la place de Winnicott dans ce mouvement, alors que ce dernier propose une théorie de l’adolescence à partir du lien mère/bébé et de la délinquance. Lors d’un voyage de recherche, j’ai trouvé sans les chercher les lettres inédites de la correspondance entre Winnicott et Anna Freud aux Archives Sigmund Freud de…