Propos recueillis par Jérémy Tancray
Carnet Psy : Marie Dessons, Dominique Mazéas, vous venez de publier chez Ithaque À l’Écoute du subtil – clinique des états archaïques de la psyché, ouvrage qui aborde l’« archaïque » comme un registre psychique subtil et délicat, dont l’appréhension nécessite de la part du psychanalyste une grande sensibilité dans son écoute des mouvements transférentiels. Pourrions-nous commencer cet entretien par une définition de ce que vous entendez par « états archaïques de la psyché » ?
Marie Dessons : Les états archaïques de la psyché correspondent à des éprouvés très peu psychisés, composés de traces perceptives et sensorielles, renvoyant à des états qui sont indifférenciés ou peu différenciés dont on pourrait dessiner deux figures. D’une part des états de non-intégration (plus éparpillés, moins liés), comme la zone de l’endormissement, ou le démantèlement sensoriel, ou tout simplement l’émotion esthétique. Et, d’autre part, des états de désintégration (plus morcelés) comme les moments psychotiques, ou traumatiques, où l’effraction du pare-excitation laisse le sujet sans possibilité de représentation, dans une forme de sidération des fonctions de représentance. On peut parler aussi d’états « informes » et/ou de régression dans lesquels on ne saurait plus trop « par où commence le corps humain », pour reprendre le titre d’un ouvrage de Pierre Fédida, et qui pourraient relever d’identifications animiques à du non-humain.
Dominique Mazéas : La question de la non-différenciation (entre le dedans et le dehors, entre le sujet et l’objet) ou des états non-différenciés de la psyché, c’est aussi une manière de décrire les points d’émergence des traductions psychiques de l’éprouvé qui correspond à une expérience qui existe tout au long de la vie. Cela convoque également la question de l’indifférenciation conçue cette fois comme une modalité de défense,…
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