Introduction
Jack nous dit qu’il cherche des copains, une copine, en vain. Jack, fort de ses 15 ans, et fragile de son désordre. Une dysharmonie de l’enfance trouble le tableau, tout comme le maniement de sa propre parole : alternant le mutisme, la logorrhée obscure, le balbutiement, et surtout des morceaux de discours comme un faux-self dont on ne voyait que trop les traces de coutures ou de colle en surplus pour ajointer les morceaux épars. Il m’avait beaucoup ému et je me demandais, à propos de la recherche d’une copine, comment ce moi disloqué et essaimé aux quatre vents avait une chance de faire de la place à l’objet, alors qu’il semblait ne pas même avoir de place pour un soi un peu contenu et organisé. Une consistance suffisante pour aimer et être aimé, pour prendre l’autre en soi et mettre de soi dans l’autre sans trop de péril. En somme, vaciller sans exploser.
Une amorce difficile
La seule consistance permise au commencement de la cure était celle du non, maigre protection d’un moi comme arrêté sous les coups de l’excitation, ne voulant plus de rien et qui se crispait pour que rien de désorganisant n’arrive encore. Tension vers l’objet, risque d’explosion, rideau : là est l’arrestation du moi. Jack est reçu dans un psychodrame qui va lui permettre, au fil de quelques péripéties identificatoires, de se trouver ce qui nous est apparu comme une plus ample consistance contre le vacillement. Nous le suivrons au fil des paysages que permet de construire le psychodrame à la rencontre de ce travail de culture entre scène intrapsychique et scène intersubjective.
Dans ce psychodrame individuel…
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