Le lien père-fils chez Kafka
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Le lien père-fils chez Kafka

A rebours de la promesse

Il est parfaitement concevable que la splendeur de la vie se tienne prête à côté de chaque être et toujours dans sa plénitude, mais qu’elle soit voilée, enfouie dans les profondeurs, invisible, lointaine. Elle est pourtant là, ni malveillante ni sourde, qu’on l’invoque par le mot juste, par son nom juste, et elle vient. C’est là l’essence de la magie, qui ne crée pas, mais invoque.

(Kafka, Journal)

L’acte de naître porte une promesse, une sorte de virtualité d’émerveillement. Émerveillement proche de la folie primaire et régressive, celle qui exalte la mère au contact de son juste né. Splendeur de la vie pouvant même aller vers un désir de s’agenouiller sans bruit et tête nue2. Expérience de l’inouï. Intensité pulsionnelle de la scène comme si la bascule pouvait être imminente, l’avait été, de l’inexistence à l’existence certes, mais aussi pourrait l’être de la vie à la mort sans crier gare. Ou de l’amour à la haine, à rebours de la promesse d’être aimé. Il se peut que quelque chose liée à ce que l’on ne sait pas arrive et surgisse soudain. Il se peut que cette chose détruise toute conscience d’être et anéantisse les liens patients construits de l’un à l’autre. Il se peut que la peur de basculer dans l’impossible renvoie à la peur de toucher avec son corps et son âme l’impossibilité de vivre. 

La pulsion de mort s'immisce partout, jusque dans l'élan d'émerveillement qu'elle prend alors à rebours. Ici elle s'incarne dans le texte littéraire lui-même, sous forme d'une pulsion d'envie déchargée telle quelle, à peine camouflée dans les plis du langage, cruelle et destructrice d'un lien père-fils pourtant prometteur. Quand…

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