Pour introduire
Les psychomotricien(ne)s sont assez globalement repéré(e)s du côté d’une corporation technique et paramédicale proposant un ensemble de pratiques (éducatives, rééducatives et psychothérapeutiques) autour du recours aux expériences du corps et de ses éprouvés, d’un corps appréhendé par le sujet dans le plaisir du fonctionnement et l’investissement d’une instrumentation subjective. Des praxis et des médiations corporelles qui révèlent en vérité un ensemble assez kaléidoscopique et pluridimensionnel de savoir-faire, largement utilisés :
• dans le cadre du soutien au développement, la vie durant, mais avec un âge d’or du côté de la prime enfance (depuis les frontières du banal jusqu’aux graves pathologies et entraves précoces et sévères au développement) ;
• mais tout autant dans l’abord plus franchement thérapeutique de nombreuses pathologies du corps (de son vécu, de ses représentations, ou des enjeux instrumentaux et fonctionnels – les troubles psychomoteurs –, autant que souffrances plus globales et psychiatriques touchant aux images du corps, aux pathologies narcissiques-identitaires, etc.)
Cet ensemble de pratiques étant utilisé et élaboré depuis longtemps et notablement reconnu dans l’arsenal thérapeutique de la psychiatrie infanto-juvénile.
Je voudrais, par-delà ce repérage corporatiste et essentiellement technique, déployer un autre axe de réflexion soutenu par la notion de psychomotricité, à savoir l’objet épistémique révélé, en arrière-plan de toutes ces options, puis confirmé à partir de toutes ces expériences cliniques, mais en vérité découvert par son père fondateur Julian de Ajuriaguerra (1959) et qui dépasse de très loin la seule corporation et le seul catalogue des pratiques. Je veux parler d’une authentique vision psychomotrice de la psychopathologie et du développement, à partir d’une compréhension singulière du lien corps/psyché et du…