Nous avons, depuis une douzaine d’années, croisé deux pratiques, deux formations et deux filiations, celle du psychodrame « individuel en groupe » et celle de la psychanalyse des familles.
Avant nous, quelques psychanalystes des familles ont parfois également instillé « une dose de psychodrame » dans des situations où l’appel aux rêves ne suffisait pas à mobiliser des familles agissantes et prises dans un fonctionnement anti-fantasme. Steve Wainrib (2005) ou Jean-Pierre Caillot (2005) sont de ceux-là. Ce dernier insiste sur le fait que « le jeu psychodramatique, notamment familial, apparaît comme la situation psychanalytique la plus proche du rêve. Il est un véritable attracteur de l’imaginaire, un incubateur de fantasmes. Il apporte, outre le plaisir des relations ludiques d’objet ambigu, le soulagement de la figuration, du fantasme-non-fantasme d’auto-désengendrement et d’auto-engendrement, et l’éclaircissement précieux des échanges dans le jeu à valeur interprétative ». Il note l’importance de la séduction narcissique mutuelle dans le jeu et sa valeur structurante pour la figuration du conflit originaire.
La thérapie familiale psychanalytique
Soigner le groupe-famille dans son entier, et non tel ou tel de ses membres, est l’objectif premier de la thérapie familiale psychanalytique telle qu’elle a été imaginée et théorisée par les psychanalystes familiaux, en appui de l’approche psychanalytique des groupes.
Les indications concernent des familles fonctionnant dans une séduction narcissique pathologique, laquelle s’oppose à une croissance psychique sur un mode œdipien.
Les angoisses de séparation, au cœur de ces problématiques familiales, sont activées par les trois différences essentielles de la vie : celle des générations, des sexes, des vivants et des morts. Elles génèrent des éprouvés archaïques d’indifférenciation dans un déferlement quantitatif qui n’arrive pas à se…