Le psychodrame psychanalytique de groupe
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Le psychodrame psychanalytique de groupe

 Il s’agit de l’utile réédition d’un ouvrage collectif dont la première édition (1999) était épuisée. Sous la direction de René Kaes, six auteurs (M. Benchimol, A.M. Blanchard, M. Claquin, A. Missenard, O. Nicolle et J. Villier) y présentent et discutent leur expérience du psychodrame de groupe, telle qu’elle s’est développée dans le cadre du CEFFRAP (Cercle d’Etudes Françaises pour la Formation et la Recherche Active en Psychologie), créé par Didier Anzieu en 1962. Il s’agit d’un éventail de pratiques qui vont de groupes dits de formation à des groupes à visée thérapeutique et à des interventions en institution (on notera en ce qui concerne les pratiques le chapitre particulièrement clair de Joseph Villier en fin de volume). Dans toutes ces actions, l’accent est mis sur les phénomènes groupaux. Ceci oriente les techniques et soutient leur théorisation par le recours à des concepts développés par Didier Anzieu puis par ses successeurs, en particulier R. Kaes et A. Missenard, qui en rappellent l’essentiel dans ce volume. Ainsi sont évoquées des notions telles que l’appareil psychique groupal, l’illusion groupale, la résonance fantasmatique, l’intersubjectivité, etc. La conduite du groupe (dans le cas typique par un couple de « moniteurs ») et l’interprétation des phénomènes de groupe, telle qu’elle peut être offerte au groupe après les scènes jouées, restent centrées sur le phénomènes groupaux eux-mêmes, à l’exclusion de toute intervention au niveau individuel. La référence reste cependant psychanalytique. C’est ce que souligne avec force René Kaes lorsqu’il fait référence aux modèles du rêve selon Freud, du jeu selon Winnicott, ou encore au modèle du traumatisme et de l’après coup, ou lorsqu’il souligne l’importance du préconscient dans ce type de travail en groupe. D’autres contributions dans ce volume font référence à des notions basales en psychanalyse, telles que les fantasmes originaires, les processus d’identification, la problématique oedipienne, etc. L’exercice apparaît parfois délicat, car il ne peut s’agir d’un simple démarquage : du « sujet freudien » à l’intersubjectivité, de l’attention flottante dans l’espace analytique à son possible homologue dans le psychodrame de groupe, du transfert à l’inter-transfert, etc., la distance est peut-être plus grande que ne le souhaitent les auteurs, ceci du fait même de la différence des conditions de production et d’observation des phénomènes en cause (des « sites », pour reprendre ici un terme dû à J.L. Donnet). La discussion reste ouverte, mais cela montre bien l’intérêt de ces développements techniques et théoriques, et donc de cette réédition à tous égards bienvenue.