« Avec notre plan, il s’agit de ne plus placer des enfants autistes devant des psychiatres ». Et encore : « Face à un spectre de l’autisme très large, il faut que l’on arrête de parler de psychiatrie ».Tels sont les propos tenus par Sophie Cluzel,
Secrétaire d’Etat au Personnes Handicapées, sur l’antenne de RMC lors de son interview par Jean-Jacques Bourdin le 1er avril dernier à la veille de la journée mondiale de l’autisme. Hélas, ce n’était pas un poisson d’avril !
Face à ces propos effarants seulement relevés par Eric Favereau dans son « Billet » paru dans le journal « Libération » du 4 avril, qu’avons-nous entendu ? Rien, sauf un silence radio généralisé et assourdissant !
Que les patients autistes et leurs familles lassés par d’interminables et stériles querelles entre professionnels, ne disent rien, peut encore se comprendre, on n’ose dire s’entendre … Mais que les psychiatres, les pédopsychiatres et tous les intervenants non seulement concernés mais courageusement impliqués dans les soins aux enfants ou aux adultes autistes, se voient si violemment attaqués sans que personne ne se lève pour les défendre, est non seulement injuste et irresponsable mais profondément inquiétant.
Si de telles choses peuvent se dire sans susciter de tollé, alors la pédopsychiatrie est belle et bien morte et elle ne ressuscitera pas de si tôt. Il y a des cas où se taire est au mieux gravement négligent, au pire subrepticement complice. La lâcheté n’est pas hélas qu’un simple « poison » d’avril.
De Munich en Munich, ce n’est pas seulement la bataille pour le soin psychique qui sera définitivement perdue, mais tout simplement la guerre pour lapsyché et pour une certaine complexité de la pensée.
Pr Bernard Golse