L’écoute du traumatisme
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L’écoute du traumatisme

En partant de sa Conférence d’introduction à la psychanalyse pour la Société psychanalytique de Paris, Évelyne Chauvet, interviewée par Caroline Lebrun, propose un changement de point de vue sur l'écoute du traumatisme.

Bonjour Évelyne Chauvet, cette interview a lieu dans une période où la violence envahit les médias…

Oui, nous sommes immergés malgré nous dans une actualité déstabilisante où les traumatismes collectifs et individuels se succèdent en continu dans une temporalité au présent, loin de toute possibilité d’après coup. Pour cette conférence, j’ai centré mon exposé sur « l’écoute du traumatisme », pour marquer l’importance du discours et de sa forme, et j’ai insisté sur l’écoute de la plainte dans ce qu’elle véhicule d’impossible à dire ou à se représenter, mais en même temps dans ce qu’elle raconte du traumatisme enfoui, refoulé, clivé ou forclos. Je pense aux traumatismes primaires et secondaires, et à leurs effets, représentables ou non, ainsi que leurs conséquences économiques sur le fonctionnement psychique, sur l’ensemble des défenses du moi.

Comment définissez-vous le traumatisme ?

Le traumatisme, c’est l’association de trois termes : choc, rupture et perte. Le choc donne le sentiment que le temps et l’histoire se sont arrêtés. Il y a rupture dans un univers jusqu’alors relativement stable, en tout cas vécu comme stable. Le trauma entraîne une double rupture. Une rupture de continuité temporelle qui fait ressentir au sujet qu’un avant est perdu à jamais, et une rupture de continuité historique, c’est-à-dire le sentiment assuré d’une histoire intérieure cohérente, que nous maîtrisons. Le sujet perd ses repères internes. Je distingue deux types de traumatismes, le traumatisme-événement et la situation traumatique que j’appelle « traumatisme en continu ». Le traumatisme événement est lié…

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