Le travail autour de l’hallucination peut se prêter à des constructions thérapeutiques très intéressantes dans la clinique des psychoses. Nous avançons l’hypothèse selon laquelle ce qui est remis en cause pendant et aprèsl’expérience hallucinatoire est, en particulier, la présence du sujet à son monde. C’est probablement à l’endroit de cette « crise de la présence » que le thérapeute est convoqué dans le transfert. Une présence thérapeutique, contre-transférentielle, spéculaire en articulation à celle du patient, est affectée par les interférences constantes d’éléments psychiques bruts clivés, qui commencent à peupler l'espace de la rencontre. L'accueil de ces éléments, l’endiguement et la réorganisation de la confusion historico-biographique des récits du patient doivent être pensés d’abord dans leurfonction de pare-excitation. L'aménagement du cadre (distances des corps, temps, etc.) quant à lui, doit être négocié en permanence. C'est ce travail continu qui peut permettre l’émersion d’une présence habitable pour le sujet là où règne le désert de la psychose. Cette présence apparaît dans la tension du transfert, là où le sujet de la psychose est divisé : entre son corps et le monde. Pour Gaetano Benedetti (1995, p. 67) : « le corps d’un côté et le monde de l’autre représentent les deux grandes scènes sur lesquelles le Moi psychotique s’appréhende lui-même. Une profonde désorganisation du Moi est ressentie soit comme une transformation du monde, soit comme une transformation du corps, ou bien plus fréquemment comme une transformation des deux à la fois ». Le résultat immédiat de cette expérience de confusion est la déstabilisation de l’étayage somato-psychique du sujet, la crise du sens de continuité identitaire et de cohérence du Moi (Dag Söderström, 2003). Le Moi n’est plus en condition de saisir et contrôler le débordement de l’excitation pulsionnelle provenant de l’intérieur et de l’extérieur. C’est à cet état d’urgence somato-psychique que la réorganisation et le…
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