En partant de sa Conférence d’introduction à la psychanalyse pour la Société psychanalytique de Paris, Isabelle Martin Kamieniak, interviewée par Marine Strauss, présente l’actualité de l’hystérie
Il semblerait que l’hystérie opère un grand retour cette année dans l’intérêt des psychanalystes. Comment l’expliquez-vous, pourquoi revenir sur l’hystérie aujourd’hui ?
Peut-être une partie de la réponse tient-elle à ce que les cliniques contemporaines ont entraîné un changement dans les conceptions de l’organisation psychique : depuis la perspective nosographique, celle des pathologies, à celle de structure de personnalité, la notion de fonctionnement psychique a permis de repérer la diversité des modalités défensives et la grande hétérogénéité des modes de présentations des problématiques. C’est ce qu’ont défendu les Pragier (1990) : l’idée d’un passage à de nouveaux modèles, passage « du cristal à la fumée », du cristal de la structure à la fumée de modes d’organisation du psychisme, plus mouvants et fluctuants, au sein même de la séance. Or c’est bien de l’hystérie qu’est née la psychanalyse : Freud (1895), partant des symptômes hystériques, donc de la pathologie, va élaborer les outils conceptuels aptes à rendre compte de leur constitution, puis établir l’hystérie comme modèle référentiel de la névrose organisée autour du conflit œdipien. Mais bien plus, Freud (1900, 1901) en déduit une théorie du fonctionnement psychique général de l’être humain : nous rêvons tous et son étude des rêves comme celle des lapsus, oublis et actes manqués, par exemple, s’appuie sur ce que l’hystérie lui a appris et dont il généralise la portée.
Quels sont les concepts référentiels venus de la construction de l’hystérie et indispensables à tout psychanalyste ?
En premier lieu, bien sûr, l’existence de l’inconscient, qu’il soit considéré comme réservoir…
Déjà abonné ?
Les abonnements Carnet Psy
