Suite aux travaux de Spitz sur les conséquences de la carence maternelle, les théories du développement ont cherché à mettre à jour les caractéristiques importantes de la parentalité, indispensables au développement harmonieux de l’enfant. La théorie de l’attachement a ainsi proposé un certain nombre de concepts ; ceux-ci sont basés sur le présupposé théorique selon lequel l’attachement de l’enfant à l’adulte qui dispense les soins correspondrait à un besoin primaire et son absence – ou alors un attachement de mauvaise qualité – compromettrait le développement.
L’enseignement d’Emmi Pickler et de ses successeurs à Lóczy montre que des soins attentifs, sans être « maternels », mais prodigués dans le respect de l’autonomie de l’individu, permettent d’éviter les effets dévastateurs de la « carence maternelle » décrits par Spitz chez les bébés institutionnalisés. Le film de Bernard Martino témoigne de l’application de cet enseignement dans la réalité quotidienne des éducatrices et des enfants. Relayé en France par Myriam David et Geneviève Appell dans le cadre de la formation des professionnels de la petite enfance, cet enseignement suggère qu’il ne s’agit pas, pour la personne qui a la garde professionnelle de jeunes enfants, de chercher à reproduire la relation maternelle ; il s’agit plutôt d’offrir une expérience de nature différente. Le respect de l’individualité de l’enfant sur le plan des actions et des émotions constitue un élément clé de cette approche ; l’adulte entre dans une vraie relation, affective, stable, mais consciemment contrôlée, dans laquelle il évite de faire peser sur l’enfant ses attentes et sa propre affectivité.
Or, Lóczy – et le film de Martino – viennent attiser quelques questions cruciales. Peut-on parler d’un attachement de l’enfant aux éducatrices, au sens de la théorie de Bowlby et de ses successeurs ? Cet attachement est-il de…
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