Les sculptures de Prune Nourry et le « conflit esthétique »

Pr Bernard Golse et Christine Ascoli
Diverses sculptures de Prune Nourry ont été exposées à Paris, galerie Tamplon, et elles le seront jusqu’à la fin du mois de septembre au musée d’Art et d’Histoire Paul Éluard de Saint-Denis. Certaines d’entre elles seront ensuite installées de manière pérenne à la gare Saint-Denis-Pleyel. Prune Nourry sculpte des femmes nues qui posent et tout en sculptant l’argile, elle parle à ces femmes qui lui racontent peu à peu leurs vies de femmes maltraitées et violentées dont les corps sont marqués par de multiples histoires de souffrances… Prune Nourry sculpte, écoute, relance, écoute encore, sculpte toujours… et les émotions du visiteur se voient convoquées à plus d’un titre. Tout d’abord parce que dès l’entrée de l’exposition, il se trouve confronté à la représentation d’une Vénus gravettienne qui inscrit notre regard sur le corps et la féminité dans l’histoire de notre préhistoire. Ensuite, parce que cette co-création artistique a lieu à la Maison des femmes de Saint-Denis fondée en 2016 par la gynécologue Ghadaa Hatem dont on sait l’éthique en matière d’accueil des femmes victimes de violences. Enfin, parce que ce travail permet de tisser un lien très étroit entre le dedans et le dehors des œuvres ainsi produites en écho à cette phrase célèbre attribuée à Victor Hugo : La forme, c’est le fond qui remonte à la surface. Ceci peut faire évoquer le concept de « conflit esthétique » de Donald Meltzer (1980). Selon lui en effet, lors de sa rencontre avec l’objet primaire, le bébé serait « ébloui » par la « beauté » de l’apparence de cet objet en se…
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