Parmi les auteurs qui traversent et animent les pages du Carnet Psy, Winnicott occupe pour moi une place singulière : relu et retravaillé par de nombreux contributeurs, il m’a conduite à explorer la question de la naissance de l’objet, de sa survivance, et de ce qui s’y rejoue dans le travail analytique.
À travers le mouvement transférentiel, le sujet adresse à l’analyste une modalité de lien à l’autre qui se montre parfois saturée d’attaque ou de retrait anticipé qui appellent, outre la solidité du cadre, une neutralité analytique bâtie comme lieu d’accueil des tensions entre les mouvements pulsionnels et la possibilité d’un lien transformateur. Une telle traversée demande un effort constant pour rester disponible sans céder à l’agir ou à la confusion. Comment un cadre analytique peut-il se maintenir face à un patient qui semble en permanence le mettre à l’épreuve, sans jamais le contester ouvertement ?
Survivance et altération
Clotilde m’informe qu’elle a déjà consulté une psychologue. Lorsqu’elle avait, très vite, émis l’idée de mettre fin à ce travail, sa thérapeute s’était « emportée », lui répondant qu’il ne s’agissait là « que d’une résistance » et qu’il était hors de question qu’elle arrête ainsi. Cela avait eu pour effet un retrait abrupt ne permettant aucune élaboration de ces mouvements réciproques. Cette interprétation avait été perçue par Clotilde comme des représailles face à son agressivité logée dans ses interrogations sur la suite et l’utilité du travail ; elle n’y était jamais retournée. Elle me dira s’être sentie « grondée et punie comme une enfant ».
Chez Winnicott (1971), la survivance de l’objet s’articule à l’émergence d’un monde objectal différencié. L’objet primaire, encore non reconnu comme tel, participe à l’illusion d’omnipotence…
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