« Le penseur ? Un grand enfant qui interroge grandement »
« Si l’on demande ce qu’un penseur, ce qu’un poète dit, il faut simultanément et surtout demander qui est celui à qui il veut dire quelque chose »
Âme-esprit : généalogie d’un clivage classique
Lorsqu’on parle de clivage, on se tourne volontiers vers le clivage âme-corps, que ce soit d’un point de vue philosophique, psychologique ou psychanalytique (même si la psychanalyse a apporté de nombreuses nuances à la notion même de clivage). Certes, l’âme et le corps sont deux entités souvent opposées, notamment par les philosophes qui soutiennent que l’âme est ce qui constitue notre véritable « moi » - en termes contemporains on dit souvent notre « self » -, tandis que le corps n’est qu’un « vêtement » pour notre âme. Telle est, du moins, l’approche platonicienne, qui a eu une immense influence sur toute la pensée occidentale. Aristote, élève de Platon qui, une fois fondée sa propre école, se distancie de son maître sur des points doctrinaux centraux, tente de dépasser ce dualisme âme-corps tout en maintenant l’idée que l’âme et le corps sont deux entités distinctes. Bien que distinctes, elles sont cependant indissociables ; elles entretiennent un lien dit « hylémorphique » : l’âme est la forme du corps. Cela revient à dire, pour Aristote, que l’âme est le principe de vie d’un corps. Un corps fournit les fonctions diverses qui permettent au corps d’être viable une fois qu’il est animé. La philosophie occidentale à partir de l’Antiquité Grecque n’a pas cessé de rappeler que la différence entre le philosophe et l’homme ordinaire consiste dans la capacité à reconnaître notre « moi » véritable.