Le travail clinique que je mène dans un bapu (Bureau d’aide psychologique universitaire) et en privé auprès des étudiants depuis de nombreuses années m’a confortée dans l’intérêt d’approfondir les enjeux psychiques de ce que l’on nomme commodément la « post-adolescence ». Ce terme venant qualifier cette phase particulière, succédant à l’adolescence, dans laquelle s’élabore le « devenir adulte » comporte d’emblée une dimension développementale qu’il importe de spécifier. Car le développement ne consiste pas en un passage linéaire d’une phase à une autre : non seulement l’inconscient ignore radicalement le temps qui passe, mais, surtout, le temps psychique répond à une logique de l’après-coup selon laquelle des événements passés ne prennent sens qu’à l’occasion d’événements survenant dans un temps second. Pour autant, si la psychanalyse dévoile bien le roc du désir infantile qui demeure et traverse les différentes époques de l’existence, si elle dévoile « l’éclatement » du temps psychique (Green, 2000), il n’en demeure pas moins que la réalité du temps qui passe et les différents âges de la vie donnent lieu à des changements psychiques et physiques et confrontent à des problématiques particulières dont tout analyste tient nécessairement compte dans sa clinique. Un des enjeux importants de la pensée psychanalytique est justement de rendre compte de la manière dont se conflictualisent les multiples oppositions constitutives de la réalité psychique dans son rapport à la réalité externe, dimensions temporelles et atemporelles, génétiques et structurelles, individuelles et sociales… afin que de cette conflictualité puisse advenir changements et transformations psychiques.
Un des antagonismes intrapsychiques fondamentaux mis en avant par Freud (1911b) se pose entre deux principes : le principe de plaisir et le principe de réalité. Schématiquement cette opposition se construit ainsi :
1. la rencontre initiale avec le déplaisir provoque le refoulement de ce…