Actes. Revue du Quatrième Groupe

Actes. Revue du Quatrième Groupe

Jean-Jacques Barreau

Editions In Press, 2011

Bloc-notes

Actes. Revue du Quatrième Groupe

Ce premier numéro des Actes du Quatrième Groupe inaugure la  parution annuelle des conférences exposées lors des Journées scientifiques du Quatrième Groupe auxquelles s’ajouteront des articles en lien avec le thème traité. Les auteurs appartiendront autant au Quatrième Groupe qu’à d’autres sociétés ou d’autres disciplines conformément à l’esprit d’ouverture et de confrontation cher au Quatrième Groupe. 

Ce premier numéro rend compte des Journées scientifiques 2011 sur le thème La situation de la psychanalyse ; le prochain, sous le titre Permanence et Métamorphose, publiera les actes des Journées scientifiques 2012 consacrées à l’œuvre de Jean-Paul Valabrega – cofondateur du Quatrième Groupe avec François Perrier et Piera Aulagnier – qui nous a quittés le 25 janvier 2011. Des questions et réflexions sur la situation actuelle de la psychanalyse ont constitué l’argument de ces journées : que pensent les psychanalystes de leur discipline ? Comment s’en représentent-ils la théorie et dans quel rapport à leur pratique ? Comment en analysent-ils l’évolution depuis un siècle ? Et avec quelles vues prospectives ? Car face au pluralisme théorique qui s’installe avec ses cloisonnements, faut-il encore parler d’une théorie ? Faut-il encore parler d’une pratique là où la référence à la cure-type s’éloigne ? Ces questions engagent la réflexion sur l’unicité dont peut se réclamer la psychanalyse et nécessitent l’examen de sa situation épistémologique ainsi que celui de l’acte théorico-pratique qu’elle autorise.

Quelles résistances croisées de la civilisation et de la psychanalyse seraient venues favoriser la déperdition progressive de l’acuité de la question psychanalytique, tant sur le plan clinique que culturel ? Outre la crise du logos, l’abandon de la question du sens et l’importance du pragmatisme actuel, la responsabilité des psychanalystes n’est-elle pas aussi engagée dans ce hiatus ? Des résistances ne sont-elles pas à interroger notamment face à un nécessaire travail d’interprétation et de symbolisation de faits sociétaux et culturels d’aujourd’hui ?

Jean-Jacques Barreau, Président du Quatrième Groupe, insiste, dans son exposé introductif, sur la singularité de la construction scientifique psychanalytique, celle de s’effectuer pour chaque analyste dans un lien de filiation transféro-contre-transférentielle à l’homme Freud et à son œuvre. Christiane Rousseau s’attache, dans sa conférence, à la construction épistémique princeps de Freud. Elle explore cette forme particulière de science constituée par la psychanalyse : avant tout, l’invention d’une méthode qui produit un certain savoir.

À travers l’évocation d’une cure, Jean-Yves Tamet nous fait part de sa réflexion sur le travail métapsychologique provisoire en construction permanente qu’effectue l’analyste, au vif de la séance.     Michel de M’Uzan soutient la nécessité de remaniements de la construction métapsychologique dont la révision de la théorie de la séduction et de la théorie des pulsions. Bernard Defrenet, à partir du différend Freud-Young et de la référence au concept de narcissisme, nous montre l’intrication de la découverte et du toujours insondable travail transféro-contre-transférentiel qui la sous-tend, dans l’histoire du mouvement psychanalytique. Pour sa part, Francis Drossart, utilise une métaphore   cinématographique pour illustrer ce qu’il en est du mouvement-but de l’analyse, un passage, renouant avec l’originaire qui est l’objet même de l’analyse. Au centre de ses réflexions il place la position interne de l’analyste et son rapport au pouvoir/savoir. Marc Bonnet interroge, à partir de nouvelles modalités de fonctionnement sociétal, une crise de la subjectivation et le déploiement de nouveaux processus, avec les conséquences de ces changements à la fois sur la constitution de la psyché et sur la technique psychanalytique.

Monique Ponceblanc-Neuvéglise met en regard une modification de la temporalité dans le champ sociétal avec celle si spécifique de la cure. Léopold Bleger éclaire l’imbrication de la résistance à la théorie, dans la manière même dont Freud  procède au fil des textes. Et, Michèle Moreau-Ricaud  en montre la présence agissante dès l’origine chez Freud même, dans ce tissage des amitiés diverses qui ont participé à l’élaboration de ses constructions théoriques. Gérard Bazalgette nous questionne sur la situation de la symbolisation pour la psychanalyse, sur son arrimage insuffisant à la fonction paternelle.

Au terme de ces journées, René Péran interroge une unité possible de la psychanalyse à travers les différences métapsychologiques qui se sont exprimées, distinguant ces divergences d’approche autour de la situation actuelle du « sexuel » et rappelant la nécessité d’un doute épistémique (sexuel ou hors sexuel). Ghyslain Lévy, dans son texte, reprend cette question d’unicité en mettant en tension la visée globalisante d’unifier à tout prix et la rencontre de l’éthique des altérités que soutient la psychanalyse (« de l’Un-stitution »). Les textes, dans leur diversité, montrent aussi bien la pluralité des transferts à l’œuvre, tant sur les hommes que sur la théorie, que le souci d’unicité sans lequel la théorie ne pourrait que dépérir.&