La réflexion que nous propose l’ouvrage « Dé-monstrer ». Comprendre et aider ceux qui sont traités de monstres. A la rencontre des auteurs de violences sexuelles par M. Réveillaud et B. Smaniotto, s’appuie sur une pensée dynamique, ancrée dans une clinique issue de nombreuses années de pratique. L’importance d’une pensée créative et en mouvement est d’emblée mise en relief soulevant la nécessité d’un travail de partenariat et de création de dispositifs thérapeutiques spécifiques afin d’accueillir et d’accompagner ces patients en perte d’humanité. Le travail d’articulation théorico-clinique se lie alors fortement à celui de l’inscription institutionnelle au sein du territoire.
M. Réveillaud et B. Smaniotto souhaitent avant tout se dégager de l’opinion associant les auteurs de violences sexuelles à des « pervers », à des « monstres », et en ce sens, à des personnes inaccessibles aux soins. L’enjeu est ici d’« humaniser » ces patients et d’entendre la nécessité d’une prise en charge dès l’adolescence en s’appuyant sur une lecture clinique relevant des pathologies narcissiques et du traumatisme.
L’ouvrage se déploie en deux parties : la première comprenant trois chapitres ouvre sur un prologue autour de Gilles de Rais. Quatre chapitres théorico-cliniques composent la deuxième partie intitulée Pratiques thérapeutiques : à la rencontre de l’humanité des auteurs de violences sexuelles, dont trois se centrent sur un dispositif de prise en charge.
La première partie apporte au lecteur un éclairage fort intéressant sur le personnage de Gilles de Ray, à travers son histoire et ses figures romancées chez M. Tournier. Les auteures analysent les fondements de la monstruosité à travers ce cas, sa filiation et sa relation à Jeanne d’Arc. Outre l’aspect historique qui avive la lecture, il nous est donné une véritable analyse clinique, permettant de comprendre qu’un processus d’idolisation…