En 1967, la loi Neuwirth légalise l’usage de la pilule contraceptive en France. Huit ans plus tard, en 1975, la loi Veil autorise les femmes à avoir recours à l’avortement. Depuis, les enquêtes régulièrement menées en France autour de la sexualité – les premiers résultats de la dernière, « Contexte des sexualités », menée par l’INSERM en 2023, ont d’ailleurs été publiés récemment (INSERM, 2024) – permettent de constater les changements dans les comportements de sexualité qu’ont entraînés ces deux textes de loi : méthodes utilisées, recours à l’avortement, satisfaction liée à la vie sexuelle, fréquence des rapports, etc. Ces enquêtes permettent de percevoir par exemple les évolutions du rapport à la contraception médicale, et notamment la pilule : sa diffusion progressive au cours des années 1970, jusqu’à tenir une place prépondérante dans les comportements de contraception, notamment des jeunes femmes, à partir des années 1990, mais également une baisse notable dans son utilisation, à partir des années 2010, interrogeant le rapport des jeunes femmes de ces générations à la contraception par méthodes médicalisées. Ces rapports d’enquêtes permettent également de mettre en avant la mise en place de normes contraceptives, de scénarios d’utilisation de méthodes utilisées par une majorité statistique de français, avec notamment le triptyque qui se met en place dans les années 1990 : utilisation du préservatif masculin en début de relation amoureuse ou dans le cadre de rapports occasionnels, la prise de la pilule contraceptive lorsque la relation amoureuse se pérennise, puis le dispositif intra-utérin (DIU, ou « stérilet ») après la naissance des enfants.
Ce sont ces modifications des comportements et cette mise en place de normes contraceptives dont part Cécile Thomé, dans Des corps disponibles : Comment la contraception façonne la sexualité hétérosexuelle. Cécile Thomé est sociologue, chargée…
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