La lecture de La psychanalyse au pays des Saints(Éditions Le Fennec, 1996), laisse penser qu’un engagement pour la psychanalyse est solidaire d’un vif concernement pour ce que la langue peut réanimer d’un corps figé et éjecter, tel un rebut cassé, en dehors des filets des héritages et des transmissions culturels.
Le travail de Jalil Bennani est aussi une œuvre d’historien qui, défrichant l’histoire de la psychanalyse au Maghreb, amène à penser ce que c’est qu’être psychanalyste au Maghreb. Il fallait mettre en relief cet entrelacs où, en dépit des censures et interdits de penser produits par le colonialisme, le resurgissement conquis d’une mémoire confisquée concernant la vie psychique et ses désarrois devient la condition nécessaire pour penser l’histoire et l’actuel de l’offre d’écoute et de soin. Il est juste de reprendre les linéaments de l’histoire de la clinique « psy », dont celle de la psychanalyse au Maghreb et ce livre nous y engage avec tact. Jalil Bennani revient sur quelques bases très solides à propos de ce que l’on a appelé, à juste titre, la médecine arabo-musulmane. Ce serait évidemment une idée réductrice, farfelue, et totalement inculte, de considérer qu’il n’y a pas de tradition médicale au Maghreb.
Des Djinns au rendez-vous de la clinique
Aujourd’hui, dans ces brassages de représentations culturelles que les exils fécondent, cet intérêt sur ce qu’un psychanalyste au Maghreb rencontre et recueille, dans la cure avec des patients, de savoir et de théories profanes sur les causes des souffrances psychiques (dont la psychosomatique), concerne aussi nombre d’entre nous qui recevons des personnes issues de la migration dans des dispensaires, des CMP. Lorsqu’on écoute sans trop d’a priori et en modérant rigoureusement toute fascination pour l’exotisme,…
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