Docteur en psychologie, enseignant à l’université de Neuchâtel et chef du service de psychologie pour enfants et adolescents de Bienne (Suisse), Emmanuel Schwabb propose un parcours foisonnant, à la fois critique et initiatique, évaluant l’héritage psychique de la philosophie des Lumières dont il propose une relecture.
L’idéal des Lumières se veut un mouvement vers l’autonomie, sous la bannière de la raison. Pour Kant, Les Lumières sont la « sortie de l’homme hors de l’état de tutelle dont il est lui-même responsable ». Emmanuel Schwabb redoute que cette volonté d’indépendance ne s’effectue aux dépens d’une compréhension de ses propres affects et contradictions, et que l’illusion rationaliste ne nourrisse l’illusion d’un possible surplomb de sa propre vie. Ce qui empêcherait de voir le présent comme une énigme toujours renouvelée.
C’est en évoquant quelques figures décisives du dix-huitième siècle que l’auteur veut nous en convaincre.
PORTRAITS
Helvétius et Voltaire
Helvétius (1715-1971) développe un sensualisme selon lequel nos connaissances et nos idées découlent de nos sensations. D’abord fermier général (c.a.d. collecteur d’impôts), il se retire ensuite sur ses terres et ouvre une manufacture. Bien que déiste, il est souvent considéré comme un philosophe matérialiste, car il soutient que l’intérêt seul oriente les actes et les jugements humains, et que c’est cet intérêt qui a poussé les hommes à se regrouper en société. La promesse d’Helvétius est de permettre au législateur de fonder une politique qui cherche l’intérêt général et se trouve ainsi dégagée des conflictualités liées aux anciens usages moraux.
Emmanuel Schwabb voit en lui un des fondateurs de l’utilitarisme : l’utile, ce qui sert à la…
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