Grandir en cachant ses blessures

Blessures

Editions L’Harmattan, 2018

Bloc-notes

Grandir en cachant ses blessures

Comment donner du sens à la mort quand elle n’est pas parlée ? Fruit d’une longue élaboration, l’auteur nous livre un essai poignant sur le silence du deuil

LA BLESSURE ET LE SILENCE

Elle s’appelait Christine, éternel bébé sur la photo dans le petit cadre doré. C’était sa petite sœur. Dans la prière du soir, ses parents mentionnaient aussi un petit frère, Philippe, dont on ne savait rien. Le petit garçon sent bien qu’on lui cache des choses, mais il n’ose pas poser les questions qui étreignent sa poitrine. Il est laissé seul avec ses interrogations, avec ses émotions, avec ce vide… Il aurait eu tant besoin de pouvoir parler en famille de cette petite sœur, de ce petit frère qu’il n’a jamais connus, de parcourir les étapes de la douleur à l’acceptation. Le silence a empêché tout travail de deuil. Comment donner du sens à la mort quand elle n’est pas parlée ? Surtout quand on est un tout petit garçon et qu’on voit comment cette mort atteint et bouleverse maman… Et puis, si personne n’en parle… ne serait-ce pas que ce secret cache pire encore que tout ce qu’il peut imaginer ? Plusieurs fois, il a tenté d’alerter, de crier sa détresse, de hurler au secours… en silence… comme font les enfants, en montrant ses questions par ses actes, comme le jour où il a mis délicatement le feu à la crèche. En attendant noël, ce berceau de paille vide et cette petite boîte sur le côté, où le santon reposait, figuraient trop le bébé mort qui le hantaient… Les santons seront rachetés, en silence. Personne ne parle, personne ne l’écoute. Et cette petite sœur continue de le regarder depuis son cadre doré. Une immense tristesse s’installe…

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