« La Mère, l’amante, la mort » fut le thème d’une journée consacrée en 2022 aux travaux de Jacques André sur la féminité. D’aucuns reconnaîtront dans le titre de cet ouvrage les trois visages de la femme décelés par Freud dans « Le thème des trois coffrets » (1913). Trois aspects du féminin – la génitrice, la compagne et la destructrice –qui sont aussi les Parques, les trois déesses du destin. Le féminin serait donc ce qui scelle le destin de tout être humain ? « Si vous voulez en savoir plus sur la féminité, adressez-vous aux poètes » écrivait Freud. J. André, au fil de ses écrits, n’en a pas moins exploré ce « continent noir » pour dégager en quoi le féminin est au cœur de ce qui fait l’essence de la psychanalyse ; le féminin comme matrice de l’inconscient en quelque sorte. « N’est-ce pas au fond à son essentielle intimité avec le « corps étranger interne » que l’énigme de la féminité doit sa force d’attraction ? »
Mais quel sens donner à la féminité en ce siècle où le genre se doit d’être déconstruit ? « Ma propre hypothèse du caractère primitif de la féminité » écrit Jacques André « s’inscrit dans le fil de cette découverte (que Laplanche a nommé situation anthropologique fondamentale], celle d’un enfant (quel que soit son sexe) effracté, pénétré par une sexualité qui déborde ses moyens psychiques d’élaboration ».
Dans ce nouvel opus de la petite bibliothèque de psychanalyse, plusieurs auteurs dialoguent avec André pour aborder ces multiples figures du féminin au sein de la psyché des hommes et des femmes. Il y a d’abord le paradoxe de la notion de « féminité primitive » soulevé par Mi-Kyung Yi. Le primitif n’est-il pas le temps de l’indistinction sujet-objet, masculin-féminin ? Il faut donc entendre la féminité, écrit-elle, comme ce…