On a rarement autant utilisé que ces derniers temps les termes « parano », « délire de persécution », « totalitarisme ». On y a recours à longueur de journée sur les réseaux sociaux et dans les émissions d’information pour traiter des conflits et violences qui ont envahi à nouveau notre monde. Dans le livre intitulé La Paranoïa, entre narcissisme et destruction, qui vient de paraître aux Éditions In Press, plusieurs auteurs qui ont beaucoup travaillé les notions correspondantes à partir de leur abord théorique et clinique se sont efforcés de les aborder dans un langage simple et direct pour voir à la fois en quoi ces termes ont leur raison d’être et ce qu’ils signifient.
C’est bien évidemment la guerre en Crimée et le personnage de Poutine qui sont les premiers envisagés dans le livre, d’un point de vue à la fois analytique et psychiatrique, pour montrer comment la logique paranoïaque est ici en effet à l’œuvre dans toutes ses composantes, ce qu’explicite clairement Daniel Zagury, justifiant les craintes qu’expriment les commentateurs les plus lucides. Sophie de Mijolla élargit cette approche en formulant une véritable métapsychologie de la paranoïa dont elle précise les fondements inconscients et rappelle les différentes figures classiques, tandis que Paul-Laurent Assoun élargit la perspective en confrontant le délire de persécution chez l’homme et chez la femme avec ce qu’il appelle le « devenir-haine de l’amour » dont on connaît les ravages. Paul Bercherie reprend la question de son point de vue de praticien en rappelant à la fois l’origine de la notion de paranoïa et en présentant un cas clinique féminin particulièrement évocateur.
La seconde partie du livre est entièrement consacrée au cas Schreber que Freud considérait comme typiquement paranoïaque, alors que ce diagnostic a été remis en cause…
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