Elsa Godart s’attache dans cet ouvrage à explorer les souffrances de nos contemporains. Pour l’auteure, à la postmodernité qui caractérisait les sociétés occidentales d’après-guerre a succédé l’hypermodernité qu’elle définit par l’excès, la démesure (l’ « hybris »), l'ambiguïté des limites et qui provoqueraient chez l’individu hypermoderne ces nouvelles formes de souffrances contemporaines que sont les sentiments d’incertitude, d’indétermination, le cumul des paradoxes. Nouveau « malaise dans la civilisation » s’interroge l’auteure ou simple prolongement d’anciennes formes de souffrance qui ne cessent de revenir déformées tel un éternel retour ? E. Godart questionne la place de l’humain et de la singularité face aux logiques du chiffre, face à la culture de l’évaluation, à l’impératif de la rentabilité. S’appuyant sur de nombreuses références sociologiques, philo-sophiques, anthropologiques et journalistiques, l’auteure propose l’idée que la société hypermoderne voit disparaître le primat de la Raison, la croyance, héritée des Lumières, dans les progrès de la Science, la fin des structures collectives traditionnelles au profit d’un individualisme forcené et d’une quête de jouissance immédiate. Un rapport inédit au temps et à l’espace se constitue alors : l’avenir apparaît porteur de menaces plus que de promesses. L’individu hypermoderne se replie sur le présent, voire sur le quotidien, dans une recherche de bien être immédiat et permanent. Le remplacement du discours par l’image, omniprésente, est à ce titre paradigmatique de l’hypermodernité. L’image, nouveau langage, se substitue aux mots sans pour autant produire de sens. Le monde s’écrit en photo selon E. Godart. C’est le triomphe de l’ « eidôlon », de l’image éphémère, symbole de l’instantanéité véhiculée par Facebook ou Snapchat. L’hypermodernité provoquerait également, selon l’auteure, la diffraction de l’individu en de multiples identités sociales fragmentées, dans une société qui elle-même ne cesse de s’atomiser en de multiples particularismes ayant supplantés les anciens modes de régulations sociales. L’individu hypermoderne serait ainsi sans sentiment…