Après La vie psychique des réfugiés (2 010), Élise Pestre nous invite à poursuivre le voyage avec un Petit Bleu (paru au PUF en 2022) intitulé La vie dans la Jungle.
Dès la couverture, le titrage nous interpelle, convoquant dans notre imaginaire une foule de légendes et de contes ayant bercé notre enfance, réveillant au passage le fabuleux mythe de Tarzan. Telle une Jane, Élise Pestre, nous ouvre l’univers de la jungle, ponctuée de mille et une aventures, remarquablement relatées par une chercheuse de terrain, intrépide et courageuse. De liane en liane, le livre se lit ainsi tel un roman d’aventures, pour autant arrimé à un socle théorico-clinique extrêmement solide ; l’écriture est fluide, érudite, transdisciplinaire, reposant sur un vrai tissage et maillage des cultures. La psychanalyse et sa praxis, l’anthropologie, la sociopolitique, la littérature, l’histoire et la géographie y dialoguent avec finesse.
Bien entendu, un autre réel s’impose à nous assez vite puisqu’il s’agit de s’atteler à d’autres jungles, des jungles modernes, s’apparentant à de véritables camps jonchés de bivouacs de fortune baignant dans la boue, la cruauté et la violence des êtres humains. Mais dans son ouvrage, l’auteure sait humaniser le propos, le ponctuer de ses rencontres, apprivoiser le Réel de cette violence et surtout le rendre partageable, une véritable gageure dans le champ de la clinique du traumatisme. Isée Bernateau écrit dans la préface sur laquelle il faut s’attarder : « Il y a des livres qu’il faut avoir le courage d’écrire. Le livre d’Élise Pestre est l’un de ceux-là » (p. 9) ! Elle en précise un peu plus loin l’apport fondamental : une véritable « méta-clinique approfondie de la vie psychique des camps de réfugiés » (p. 10), une métapsychologie de ces espaces — « zones frontières » et des exilés.
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