La vieillesse vaut la peine d’être vécue. C’est le message heureux que nous transmet le dernier livre — le dernier paru —, de Geneviève Delaisi de Parseval.
À l’opposé des idées reçues sur cette période ultime de la vie, qui lui concèdent parfois l’accès à la sagesse, ou à l’expérience — « si jeunesse savait, si vieillesse pouvait » — la plupart sont du registre : « la vieillesse est un naufrage. » Certains évoquent, comme Zola, « la morne vieillesse dans sa résignation », ou Colette : « non, décidément, je ne m'habitue pas à la vieillesse, pas plus à la mienne qu'à celle des autres. » Les propos sur les avantages de la vieillesse sont en général ironiques ou sonnent faux. Ironique, le propos de Proust qui en fait un remède à la jalousie : « la vieillesse d’une duègne ne rassure pas tant un amant jaloux que la vieillesse du visage de celle qu’il aime » ; faux, sonne ce proverbe cité par Goethe : « ce que jeunesse désire, vieillesse l’a en abondance », illusion hélas…
À l’inverse de ce triste conformisme, et en anticonformiste foncière, Geneviève Delaisi de Parseval conçoit la vieillesse comme la poursuite d’une évolution. Pour elle, la vieillesse n’est pas un état, mais une énigme, à la rigueur une situation. Elle rejoint en fait la façon de voir de Bergson : « enfance, adolescence, maturité, vieillesse sont de simples vues de l’esprit, des arrêts possibles imaginés pour nous, du dehors, le long de la continuité d’un progrès. » Et son livre l’illustre : « vieillir c’est aussi grandir », nous montre-t-elle ; et elle nous conduit à travers ses lectures, Cicéron, Beauvoir, Antoine Compagnon, et d’autres, au constat que, certes, s’il existe un vieillissement corporel — qui conduira à la decrepitas du bout du chemin —, l’esprit grandit — elle invoque même les…