S’il est bien une branche de l’arbre planté par Freud qui a connu, depuis son bourgeonnement, les soubresauts de querelles passionnelles autant que passionnantes, c’est bien celle qui soutient la psychanalyse avec l’enfant. À ce titre, déjà, on ne peut que se réjouir de l’entrée dans la précieuse collection « Débats en psychanalyse » de ce volume dirigé par Marie-Laure Léandri, Françoise Moggio et Paul Denis. D’autant que la psychanalyse avec l’enfant continue de faire face, en France du moins, aux deux mors d’un étau qui menacent l’un comme l’autre de se refermer sur elle sans lui laisser la possibilité de s’exprimer. Le premier, endogène à sa propre discipline, concerne l’enthousiasme encore très relatif des grandes sociétés psychanalytiques françaises pour le développement de la clinique avec l’enfant mais aussi pour les théorisations qui lui sont liées. Le second, exogène, est le procès intenté contre elle pour inefficacité et obsolescence – quand ce n’est pas pour dangerosité – par des approches thérapeutiques concurrentes agglomérées autour d’un scientisme qui ne cache plus son désir de lui voir mordre la poussière supposée recouvrir ses vieux grimoires.
L’avant-propos de l’ouvrage rappelle, justement, ce tournant dans le soin psychique à partir des années 2000, notamment en pédopsychiatrie : biologisation du fait psychiatrique, mise au rebut de la psychanalyse considérée comme dépassée et une certaine obsession pour l’évaluation du trouble psychique sans que ce constat inaugural ne soit en mesure de se convertir, par la suite, en un travail de psychothérapie. Pourtant, comme le notent les auteurs, « la demande de soin psychique est exponentiellement croissante » (p. 10), créant de facto une situation aussi paradoxale qu’absurde et désolante. Face à elle, l’ouvrage entend, très humblement, réaffirmer la spécificité de l’approche psychanalytique avec l’enfant.
Paul Denis parvient…
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