Les Héroïnes de la modernité deLaurie Laufer parait en avril 2025, quand de modernes figures du Maître dessinent, outre-Atlantique, des « impasses de la civilisation » renouvelées en matière de sexuations et de plaisirs, désormais réduits à deux genres, deux corps, sans reste légal.
C’est un hommage à ces héroïnes, toujours particulières, qui ont récusé les opprobres, réductions au silence et assignations contraintes. Chacune a parlé, aucune n’a refermé sur elle le couvercle des sciences, ni du droit prescriptif et ses mépris, et surtout pas des jugements de mœurs, qui toujours les renvoient à leur condition, forcément seconde, humble nécessairement, servile obligatoirement, et toujours en répression de leur geste même :
« Les héroïnes de la modernitésont celles qui font de leur liberté le transitoire, le fugitif, le contingent. Elles refusent la famille, l’assignation à des rôles d’épouses et de mères, l’hétérosexualité obligatoire (…) l’idée d’égalité à laquelle elles aspirent (…) menace de mener à la décomposition des valeurs morales et des normes sociales qui maintiennent la position des femmes sans rien modifier à leur condition. » (p. 27)
Ni déviantes, ni objets de « La » science du « pathologique », où biologie, psychologie et sociologie s’agrègent pour voiler les évidentes disparités de mœurs et d’identités, elles objectent aux discours qui, pour mieux les assigner, « genrent » tout ensemble « corps » avec « psychismes ».
Désignées comme femmes mais aux fins de les dénier, elles affrontent tant de refus et de goujateries que, comme Lacan (1972) en ce point, il faudra marquer la force d’un « on les dit femmes ; on les diffame ». C’est une chose de s’identifier, et le panel est large, c’en est une autre que d’être réduit par tant d’argumentaires, distincts certes, mais si souvent…
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