Maniaco-dépressif, L’histoire de Pierre

Maniaco-dépressif, L'histoire de Pierre

Marie-Christine Hardy BayléPatrick Hardy

Editions Odile Jacob, 2005

Bloc-notes

Maniaco-dépressif, L’histoire de Pierre

Il est rare de trouver dans un ouvrage scientifique et la rigueur que l’on est en droit d’attendre et le plaisir de la lecture. C’est le pari réussi du livre de M-C. Hardy-Baylé et P. Hardy, Maniaco-dépressif – L’histoire de Pierre. Le titre à lui seul se veut le reflet de cette double approche alliant une sémiologie fine et complète au travail romanesque à l’oeuvre dans l’histoire de Pierre. 

Pierre est un malade fictif, créé par les auteurs, avec sa généalogie, sa vie d’homme marié, ses rencontres avec le milieu psychiatrique, et en particulier avec le Dr T.En suivant les méandres de son évolution, dès les premiers symptômes de troubles de l’humeur, à la reconnaissance de l’état dépressif, à l’hospitalisation, au traitement, puis à l’entrée dans la phase maniaque et à son traitement, le lecteur aura un aperçu intime et vivant de cette symptomatologie complexe. 

L’apport théorique intercalé entre les fragments de l’histoire de Pierre viendra éclairer, systématiser et approfondir la description de la maladie. Les auteurs, en respectant dans la forme textuelle une bipolarité, nous renvoient au double sens de la maladie elle-même. 

Dans une troisième partie est abordé un historique de la maladie, suivi de la revue rigoureuse des facteurs étiologiques en jeu : facteurs génétiques, biologiques, psychologiques, évènementiels, décrits dans un remarquable esprit de synthèse et de modération. L’apport des traitements antidépresseurs, des neuroleptiques et du lithium, a permis une prise en charge plus rapide et efficace des troubles dysthymiques de la maladie maniaco-dépressive. Les traitements psychologiques apparaissent aux auteurs come un  » complément utile au traitement pharmacologique ». 

Les auteurs concluent en insistant sur l’importance majeure de l’alliance thérapeutique dans le suivi du malade maniaco-dépressif, alliance avec le patient lui-même mais aussi avec l’entourage familial afin que l’un et l’autre puissent admettre que ( le patient )  » n’est pas l’être parfait que seule la maladie rend conflictuel, mais un être humain aux aspérités normales « . Concis, facile d’accès, cet ouvrage est à mettre entre toutes les mains : étudiants, personnel médical et para-médical, entourage des patients, qui trouveront là réflexion, aide et et meilleure compréhension de la maladie. 

Si l’on se demande pourquoi les auteurs ont choisi « Pierre », comme prénom pour illustrer la maladie maniaco-dépressive, peut-être peut-on penser au roman de Herman Melville Pierre ou les ambiguïtés (roman dont je ne saurais trop recommander la lecture -oedipienne- aux lecteurs de Carnet Psy ) puisque l’ambiguïté est étymologiquement le double sens ? Double sens de la maladie bipolaire, double sens de la dépression et de la manie.