Entre l’âge de 70 ans et sa mort en 1938, Freud a entretenu une correspondance nourrie avec la princesse Marie Bonaparte qui était tout à la fois son analysante devenue une amie chère, la traductrice de nombre de ses écrits en français et une mécène qui l’a sorti des griffes du nazisme en 1938. Outre le rôle majeur qu’elle a joué en sa faveur en introduisant la psychanalyse en France.
Sexualité féminine
On découvre donc cette correspondance intégrale composée de 885 lettres — 538 de Marie Bonaparte, très longues pour la plupart —, et 307 de Freud, courtes en général. Selon la volonté de la princesse, ces manuscrits ne devaient pas être accessibles avant 2020. Les petits-enfants de Marie Bonaparte ont freiné tant qu’ils ont pu la parution de cette correspondance, ainsi d’ailleurs que l’excellente biographie de la princesse rédigée par Celia Bertin, romancière connue, lauréate du prix Renaudot, parue en 1982 puis rééditée trois fois sous le titre de Marie Bonaparte et traduite en de nombreuses langues. Pour la petite histoire, Célia Bertin était passée à Apostrophes (l’émission de Bernard Pivot) aux côtés de Françoise Dolto sur le thème de la sexualité féminine. La sexualité féminine — celle de Marie Bonaparte — est en effet le thème majeur, voire envahissant, de cette correspondance. La princesse avait épousé le Prince Georges de Grèce (peu intéressé par les femmes) avec lequel elle a cependant eu deux enfants. Cette dernière se pensait frigide malgré ses nombreux amants — dont certains très célèbres tels Aristide Briand, Raymond de Saussure, Bronislaw Malinowski, Marcel Griaule, d’autres, moins connus. Elle avait en effet développé une théorie qui tournait à l’obsession sur le fait que son clitoris était trop éloigné de l’entrée de son vagin, particularité physiologique qui l’aurait rendue anorgasmique.…