La psychanalyse reste-t-elle une méthode de cure valable pour les patients du troisième millénaire ? Si la réponse positive ne fait aucun doute pour Ferro, l’ensemble de l’ouvrage vaut par son ton à la fois profond et un tantinet provocateur. Et l’organisateur du récit, Luca Nicoli, ne s’interdit pas de poser à l’auteur quelques questions dérangeantes.
Après une rapide mise en bouche envoyant promener par dessus les moulins un certain nombre d’idées reçues en matière psychanalytique, Antonino Ferro nous exhorte à ne pas fétichiser les enseignements datés de la psychanalyse, y compris ceux qui sont dus directement à son fondateur, dont il trouve que plusieurs notions sont vraiment poussiéreuses. Il s’intéresse cependant beaucoup à sa méthode qui traverse le temps, et loue les qualités de Freud qui n’hésite pas à rayer d’un trait de plume les hypothèses formulées si la clinique ne vient pas en confirmer les théorisations précédentes. Il rappelle judicieusement que « nous devons tous nous défendre contre la pollution lumineuse produite par ce que nous savons, qui nous empêche de voir les zones encore inconnues ». Et de faire l’éloge d’un regard tourné vers le futur, d’une vie avec notre temps, d’une capacité de jouer sans cesse pour renouveler notre pensée, nos pratiques, nos éthiques de psychanalystes.
S’il prône l’ouverture vers le large et le désarrimage des quais anciens sans autres formes de procès, il tient en revanche à ses règles du jeu, le rythme des séances, leur durée, leur paiement. Il les envisage comme une « Constitution » contractée entre le patient et l’analyste, à laquelle les deux doivent se soumettre, ce qui engage au moins aussi fortement l’analyste que le patient. Mais ce qui insiste dans ses réponses enjouées, c’est l’importance du plaisir partagé avec le patient, afin qu’il…