Si la psychanalyse nous était contée par le menu ?
Chose curieuse : la psychanalyse, que certains s’acharnent à réduire à la story-telling cure, entretient un rapport sinon paradoxal du moins singulier avec sa propre histoire. Ce n’est pas seulement que son invention doit au génie d’une unique personne, ni que dès sa naissance et depuis toujours, ses détracteurs dévoués cherchent à condamner son histoire à l’éternel retour de la chronique d’une mort annoncée, ni même qu’en pleine période de développement, 1913, la jeune science fut contrainte de commettre sa première histoire. C’est, plus fondamentalement, que l’écriture et la lecture de son histoire se pratiquent comme partie intégrante du processus psychanalytique. Qu’elles soient ainsi loin de se placer au-dessus de la mêlée, il suffit de songer, entre autres, à Freud dans Sur l’histoire du mouvement psychanalytique, qui revient sur ses pas pour rallumer les mèches du sexuel infantile en guise d’arme de combat contre les tentatives d’attiédissement de la psychanalyse par les Jung et Adler. Ou encore à L’analyse profane qui nous montre l’intrication essentielle entre formation, transmission et histoire à travers un Freud-Socrate engagé sur la voie de la remontée aux origines de la psychanalyse, au fil du jeu de questions-réponses avec son interlocuteur imaginaire.
L’histoire de la psychanalyse se situe de plain-pied avec le mouvement même de l’expérience de l’objet qu’elle cherche à reconstituer. Un passé qui, se racontant, en vient à se reproduire et se revivre par fragments à même l’acte de son écriture et de sa réception, précisément comme cela se produit dans le processus de la cure. Une actualisation, non une simple mise en récit.
L’histoire de la psychanalyse peut donc impliquer une opportunité de…