Petits règlements de comptes en famille

Petits règlements de comptes en famille

Nicole Prieur

Editions Albin Michel, 2009

Bloc-notes

Petits règlements de comptes en famille

A travers un ouvrage illustré de cas cliniques, Nicole Prieur passe en revue les situations susceptibles d’entraîner des règlements de comptes et elles sont nombreuses ! De l’enfant qui interroge en permanence : « Est-ce que je compte pour toi ? » avec derrière son regard candide : « Une véritable caisse enregistreuse silencieuse et inconsciente qui s’active en permanence, enregistre les frustrations. Rien ne lui échappe. Plus il grandit, plus il mesure les manques inévitables. Ainsi, pendant les premières années de vie, sa mémoire dormante constitue son livre de comptes, avec l’encre quelquefois indélébile des espoirs déçus, des rêves perdus, des besoins inassouvis, y consigne les carences, les souffrances, les sentiments d’injustice » ce qui fait dire encore à l’auteur que : « Les parents donnent sans compter à un enfant qui compte ce qu’on ne lui donne pas ». Compter pour un enfant c’est également se différencier. Un enfant et un parent sont deux entités séparées. Autoriser son enfant à être différent de soi c’est renoncer à l’enfant parfait qu’on attendait à l’enfant idéal qu’on aurait voulu être. Pour Nicole Prieur, « La confusion identitaire est entretenue parce qu’on se trompe de compte. On règle à travers l’enfant ce qu’on n’a pu régler pour soi… Que notre enfant nous renvoie à nos limites, à nos fragilités, nous donne une formidable occasion pour faire quelque chose pour nous mêmes, pour s’occuper de l’enfant qui est encore en nous ». Au plus grand épanouissement de chacun.

Les règlements de compte sont, par ailleurs, un élément constitutif de l’adolescence. A cette période la dynamique est celle d’une contestation : « Il est nécessaire d’attaquer les parents, les adultes, de les déstabiliser, tenter de les fragiliser pour pouvoir mettre une distance entre eux et soi ; on essaie ainsi de se persuader qu’on peut se passer d’eux ». Ces règlements de comptes parfois violents sont en réalité source d’émancipation. L’âge adulte n’est pas indemne de comptes. L’âge venant, les parents vieillissent et deviennent dépendants. Les rôles s’inversent et voilà les quinquagénaires en position charnière. D’un côté ils aident leurs enfants devenus adultes, de l’autre leurs parents devenus dépendants avec les inévitables conflits de loyauté : garder un petit-fils ou faire les courses d’une mère malade ? Surtout si l’âge venant elle devient tyrannique ! C’est au moment des héritages synonymes d’inéluctables séparations  que les comptes se soldent et souvent dans les conflits et la haine à la mesure des jalousies d’enfants. « La fratrie est condamnée à partager pour s’entendre sauf à s’entretuer ». La problématique du partage, qui sous-entend de tenir compte de l’autre, est alors en jeu et non plus le système du donner recevoir. « Le simple fait de grandir au cœur d’une même histoire familiale n’implique systématiquement aucune loyauté réciproque dans la fratrie. Il ne s’agit pas de liens de filiation mais d’appartenance qui peuvent se faire et se défaire au gré des alliances. Et il est illusoire de croire que les liens de sang suffisent à créer une alliance à toute épreuve. » Il faut parfois savoir s’en passer pour devenir soi et s’accomplir.

Bref, chacun trouvera son compte à travers ce décryptage du livre selon les tranches d’âge et les étapes de la vie. L’ouvrage, qui se lit facilement, traite avec légèreté de sujets profonds et d’actualité.