Salomé a vécu une descente aux enfers en décompensant sur le mode psychotique. Ses angoisses précédant cette décompensation l’ont amenée à trouver une personne, psychanalyste de surcroît, avec laquelle elle pensait pouvoir les transformer en une expérience sublimée, littéraire, scénique, théâtrale, bref, artistique au sens le plus large. Mais voilà !, certains psychanalystes ne font pas suffisamment attention au diagnostic, et la cure-type n’est pas à utiliser avec n’importe qui, sous le prétexte qu’il la demande. L’histoire nous montre même que dans certains cas, cette proposition va déclencher chez l’analysant une facilitation de ses possibilités transférentielles sur les modes érotomaniaque ou persécutif, accentuant encore l’émergence d’angoisses archaïques difficilement supportables.
Si la psychothérapie institu-tionnelle a fait son apparition dans l’histoire de la psychiatrie, c’est précisément pour répondre à ces problématiques complexes, supportées, notamment, par des structures psychotiques. Chez certains d’entre eux, la souffrance psychique est au rendez-vous.
Elle peut prendre une forme névrotique plus ou moins classique. La solution semble être une psychanalyse, et puis l’expérience de la cure met le feu aux poudres affectives, et rapidement la suite devient incontrôlable sur le plan pulsionnel. Tosquelles, lorsqu’il réalise, très vite après sa psychanalyse personnelle avec Sandor Eminder, que la cure-type n’est pas adaptée aux personnes psychotiques, apprend du même coup que l’institution d’un groupe de prise en charge est nécessaire, au moins pour y être accueilli pendant les moments, quelquefois passagers, quelquefois plus longs, nécessitant des soins psychiatriques. Cette quasi-surface de réparation à géométrie variable en fonction de l’état clinique de chaque patient constitue l’ossature de la prise en charge, et ses variations sont référées à une personne en position de psychiatre-consultant-thérapeute, chargé de construire au fur et à mesure le setting optimal.
Dans l’histoire de Salomé, le Dr Chaperot, psychiatre-psychanalyste, prend la précaution…